Le Consul général de France à la Plata


commentaire : un travail en cours nous a amené à rouvrir notre volume des poèmes d'Henry Jean-Marie Levet et de retrouver notamment celui-ci (dédié à Ruben Dario), dont on ne se lasse décidément pas. Il fut publié en revue en 1902, et on voit tout ce que le Valery Larbaud de Barnabooth doit à cet auteur mort en 1906 de la tuberculose, à 32 ans, et dont l'oeuvre tient en quelques pages. La première édition de ses poèmes parut en 1921 à la Maison des Amis des Livres, avec en guise de préface, ou d'ouverture, un génial dialogue entre Valery Larbaud et Léon-Paul Fargue, dont le décor n'est autre que "l’intérieur d’une limousine en marche sur la route nationale, entre Montbrison et Saint-Étienne".


RÉPUBLIQUE ARGENTINE
LA PLATA


Ni les attraits des plus aimables Argentines,
Ni les courses à cheval dans la pampa,
N’ont le pouvoir de distraire de son spleen
Le Consul général de France à la Plata !

On raconte tout bas l’histoire du pauvre homme :
Sa vie fut traversée d’un fatal amour,
Et il prit la funeste manie de l’opium ;
Il occupait alors le poste à Singapoore...

— Il aime à galoper par nos plaines amères,
Il jalouse la vie sauvage du gaucho,
Puis il retourne vers son palais consulaire,
Et sa tristesse le drape comme un poncho...

Il ne s’aperçoit pas, je n’en suis que trop sûr,
Que Lolita Valdez le regarde en souriant,
Malgré sa tempe qui grisonne, et sa figure
Ravagée par les fièvres d’Extrême-Orient...


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